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Le pylône occidental est persé d'une porte particulière. A l'entrée du pylône oriental, sur la paroi intérieure, une inscription est gravée qui n'a rien d'hiéroglyphique : j'étais pour ma part fort étonné de savoir lire sur les monuments égyptiens. Le lecteur ne sera pas plus embrassé que moi. Voici le texte, facile à déchiffrer : «L'an VI de la République, le 13 messidor, une armée Française, commandée par Bonaparte, est descendue à Alexandrie. L'armée ayant mis, 20 jours après, les Mamelouks en fuite aux pyramides, Desaix, commandant la première division, les a poursuivis au delà des cataractes où il est arrivé le 13 ventôse de l'an VII. Les généraux de brigade Davoust, Friant et Belliart(d) ; Donzelot, chef de l'état-major ; Latourniére, commandant l'artillerie ; Epp(l)er, chef de la 2e légère. Le 13 ventôse an VII de la république». Voilà qui vaut rien des hiéroglyphes ; Bonaparte n'est-il pas un Sésostris ? Mais sait-on si la pierre de Philae gardera long temps les traces de nos gloires républicaines ? Déjà la malveillance a gratté quelques noms, et une main patriotique a écrit ces mots à effet : «Une page d'histoire ne doit être salie». Assurément l'auteur de cette remontrance aurait pu d'un style pompeux ajouter quelques phrases, quelques vers peut-être, sur le néant des empires. Il aurait montré l'impassible Isis dévorant toutes les renommées, et ce pouvoir occulte, aveugle, incompris et inintelligent, devant qui s'élèvent et s'écroulent les uvres humaines.